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23.01-31.01.2025

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Umbilicus Urbis Romae

13 décembre 2024, Forum antique, Rome

Performance : Valeria De Siero / Photographies : Francesca Pascarelli

2 jours après le vernissage à Condotto48, je suis retourné à Bruxelles. Allongé au sol dans la zone des départs, j'ai manqué de m'endormir et de prolonger ce songe romain, sans doute jamais vraiment initié, ni achevé. L'exposition allait durer 1 mois, et il ne m'était pas possible de récupérer les éléments qui la composait. Pas d'argent pour retourner à Rome, ni de solutions pour y loger à nouveau. Qu'y avais-je donc laissé ? Des mots échangés avec Valeria, imprimés sur un sweat-shirt et une écharpe ; des fragments publicitaires, brandis à bout de bras dans les faubourgs, comme s'ils étaient pendules ou boussoles ; enfin, des disques en céramique, inscrits de marqueurs géographiques. Tout cela constituait un filet lesté, projeté sur Rome non sans candeur et provocation, le dessin d'une carte esquissée par dessus ce territoire des territoires, ou disons une interrogation sur le tracé de toute carte : comment, pourquoi, dans quel but, avec quel nord, quel sud, quel centre, surtout ? Bruxelles étant la capitale la moins magnétique qui soit, ce devait être le meilleur endroit pour penser à ce qu'il y avait lieu de faire. Il me semblait que les disques en céramique devaient être placés en un endroit précis. Si l'option de la dispersion flotta un temps, elle fut écartée car elle était déjà actée : je ne le savais que trop. Il fallait au contraire condenser au taux le plus extrême. Je songeai à les faire porter à la borne, déterminée par Auguste, marquant le point zéro des routes de l'empire. Puis je découvris L'Umbilicus Urbis Romae, cavité creusée par Romulus, devenue lieu de culte, et surtout interface avec le monde souterrain. Ouverte trois fois par an en des jours considérés comme risqués, du fait de la possibilité de voir s'échapper des esprits maléfiques, cette fosse constituait un passage obligé pour les nouveaux citoyens. Ils devaient y apporter une poignée de terre de leur lieu d'origine, et les premiers fruits de l'année. C'était tout trouvé. Je demandai donc à Valeria De Siero de bien vouloir se glisser subrepticement sur le forum, un beau matin, accompagnée de Francesca Pascarelli, amenée à photographier cette clandestine opération. Ce qui fut fait.

Il fiocco di (Bianca) neve

Condotto48, Roma

27.09-27.10.2024

Commissaire Valeria De Siero

Se déploie une carte du métro de Rome, ou de Bruxelles, voire de Namur (ils doivent bien avoir ça comme projet dans leurs cartons au lendemain des élections). Les villes savent se faire tentaculaires. Pour s'en saisir, on jette un métro par dessus. On le jette là où la ville aura été éparse, là où elle se sera étendue anarchiquement. Le métro tâche de remettre de l'ordre dans tout ça. Le métro, c'est pour toucher un point sur la carte. On étend le bras pour tenter d’agripper la poire au bout de la branche. La main veut, la main désire à tout prix. 

Se dessine une carte du ciel, voire un terrain de jeu pour la chiromancie. Il paraît que s'y trouve inscrit tout un réseau routier que nous sommes amenés à emprunter. Type E411, sortie 10. On dit que tout est d'une géométrie parfaite, comme un flocon de neige vu au microscope. Mais il se fait que nous manquons de recul. Nous ne disposons pas de Google Maps, en cette ère antédiluvienne. S'il y a quelque aiguilleur ou aiguilleuse dans la salle, nous sommes preneurs. Le destin se joue-t-il au gré des lignes de la main, ou au gré des lignes du métro ? Sommes-nous des marionnettes manipulées par quelque force invisible ou devons-nous soulever tout à bout de bras ? 

Se déroule une feuille de route, une feuille de calculs. Ce sont des lieux où j'ai été, mais ce n'est pas un autoportrait. C'est un compte-rendu de points dans l'espace où il est possible de se trouver, temporairement, ou plus longuement. Un individu Y vit/est issu d'un lieu X. Dans quelle mesure l'individu Y est-il définit par le point X ? Si d'aventure l'individu Y passe plus de temps dans un lieu Z, devient-il ce lieu Z en lieu et place du point X qui était sensé définir à l'origine son identité ? Et si oui à partir de quand cela advient-il, et si non, pourquoi ? Et si X et Z vont de concert, qui joue de quoi et quand ? 

Dans le doute, il est conseillé d'aller à Rome. Tous les chemins y mènent par ailleurs. Mais une fois arrivé, stupeur. Les aiguilles tournent fou. On ne trouve pas Rome. Elle est en bas, en haut, à gauche, à droite, devant, derrière, en dessous, au dessus, là-bas s'y j'y suis. Elle était là hier. Elle reviendra peut-être demain. De toute évidence, elle n'est pas là. Alors quoi les évidences, que devons-nous faire de vous ?

Entre nous et Rome, il y a une couronne, des périphériques, une autoroute qui fait le tour. Il faut traverser ce cercle. Ce cercle de feu. Il faut aller chez Décathlon pour voir s'ils vendent des bottes de sept lieux permettant de faire ça. 

Photographies : Francesca Pascarelli

La ballade des pendus

Parc de Beausmenil (Normandie), Sentiers d'art 2024, 01.07-30.09.2024

Premier signe

Premier prix

Premier venu

Première idée


Dernier cri

Dernier geste

Dernier mot

Der des ders

 

La première et la dernière fois


(Dernière pluie)

Travaux publics (privés)

Ferme-Asile, Sion

14.12.2023

Cette exposition fait suite à une résidence de deux mois dans le centre d'art la Ferme-Asile, à Sion, dans le Valais. 

La première idée fut d'organiser une discrète parade dans le quartier. On planifiait de porter des poutres de métal à dos d'homme, pour évoquer la conquête de la montagne. On se voyait descendre encordé au bord d'un ruisselet. On imaginait emballer les arbres des parterres de papier cadeau. Noël aidant. La lubie était de coller des petits dessins représentant des fleurs et des mayens sur les poignées de portes des immeubles nouvellement édifiés. Nous serions, au péril de notre vie, descendu sur les berges du Rhône pour ficher en terre des portraits d'un Spilliaert soucieux. Dans un second temps, un projet d'exposition en plein air, dans le jardin de ciment construit au-dessus de l'autoroute traversant Sion fut fantasmé. Des lattes de métal auraient suggéré des pentes, ou des remonte-pentes, ou des tunnels. Des aimants auraient maintenu des récits imagés de promenades ascendantes ou descendantes. Spectacle quasi forain livré aux badauds le temps d'une après-midi. Des personnages auraient animé ces scènes. Mais tout cela sembla de nature à troubler l'ordre public. Auquel pourtant on entendait rendre hommage. Cette conférence imagée fut donc ramenée à sa juste mesure : domestique. Tout se passa clandestinement dans l'espace de l'appartement qui avait été alloué pour le séjour. Dans ce sanctuaire privé, tout devenait soudain possible. Au même moment, c'est ce que se disaient les pouvoirs publics et privés plus ambitieux au sujet de l'espace du dehors : à chacun son échelle. Une métaphore était née sur la manière dont les visions privées et le publiques se trouvaient enchâssées.


 

Arpenter

Maison Folie Moulins, Lille

06.10-08.10.2023

Commissaire Stéphanie Pécourt

Passion ancienne nourrie pour l’archéologie. Pas tant pour la discipline que pour ce qu’elle entend révéler : quelque chose qu’on excave de la terre. Passion semblant s’éteindre, mais se faufilant dans les marges du temps pour ressurgir sous une autre forme.

La voilà : excavation dans les œuvres ici. Départ à la surface (le réel, capturé par la photographie). Ensuite, on creuse. Peinture à tâtons. S’approcher d’un moment vu ou vécu dans le souhait de le vivre une seconde fois. Qu’il soit significatif ou anodin, peu importe. Mettre la main dessus. S’en imbiber, en inhaler les vapeurs.

Absorbé dans cette archéologie tenant du mirage ou de la recherche du pied de l’arc en ciel, surgissent d’autres strates d’activités. Des médias. Des informations, plus fréquemment significatives qu’anodines, à vrai dire. On s’attendait à trouver le plus extraordinaire dans le plus ancien. Mais voici que le plus récent impose sa loi. Alors, il y a comme ça deux archéologies qui occupent le même bout de terrain et s’entrechoquent. Elles se donnent des coups. Parce qu’il n’y a rien à faire, elles ne cherchent et ne trouvent pas la même chose.